Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/122

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entré dans la maison, se félicitant sans doute d’une adulation qui lui présentait l’espoir d’une bonne récompense.


CHAPITRE IX.


« Il courut de ce côté et sauta par-dessus le mur du verger. »
Shakspeare.


Wilder quitta le champ de bataille en homme vaincu. Le hasard, ou, comme il était disposé à l’appeler, la flatterie du vieux marin, avait déjoué le petit artifice auquel il avait eu recours lui-même, et il ne lui restait pas la moindre chance d’être assez heureux pour pouvoir trouver une autre occasion aussi favorable de parvenir à son but. Ce n’est pas au point où est arrivée notre histoire que nous entrerons dans le détail des motifs qui portèrent notre aventurier à conspirer contre les intérêts apparens de ceux avec lesquels il s’était si récemment associé ; il suffit, quant à présent, que les faits soient placés distinctement sous les yeux du lecteur.

Le jeune marin, trompé dans son espoir, retourna vers la ville d’un pas lent et avec un air d’humeur. Plus d’une fois il s’arrêta en descendant et fixa les yeux, pendant plusieurs minutes, sur les différens navires qui se trouvaient dans le port. Mais, pendant ces haltes fréquentes, il ne lui échappa aucun signe qui indiquât qu’il prît un intérêt particulier à aucun de ces vaisseaux. Peut-être ses regards se fixèrent-ils plus long-temps et avec plus d’attention sur le bâtiment de commerce venant du sud que sur aucun autre, quoique ses yeux, de temps en temps, se promenassent avec curiosité, et même avec inquiétude, sur tous les bâtimens qui se trouvaient dans l’enceinte du havre.

L’heure ordinaire des travaux était alors venue, et les sons qui les annonçaient commençaient à se faire entendre dans toute