Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mois ou une saison tout entière comme un frère et comme un homme qui, je n’en doute pas, cherche la vérité, je te souhaite la bienvenue.

L’étranger remercia son hôte en inclinant lentement la tête ; mais son regard, qui commençait à reconnaître ce qu’il avait désiré trouver, était encore trop occupé pour lui permettre une réponse verbale. D’un autre côté, quoique le vieillard eût examiné le large et grossier chapeau de castor, le pourpoint usé, les bottes pesantes, enfin tout le costume du nouveau venu, dans lequel il ne vit point à condamner une vaine conformité aux modes du siècle, il est évident qu’aucun souvenir personnel n’eut d’influence sur l’hospitalité qu’il offrait.

— Tu es arrivé heureusement, reprit le Puritain ; si la nuit t’avait surpris dans la forêt, à moins que tu ne connaisses les ressources de nos jeunes gens accoutumés à fréquenter les bois, la faim, le froid, un lit au milieu des ronces, t’auraient obligé de t’occuper plus qu’il n’est utile ou convenable des besoins du corps.

L’étranger avait peut-être connu des maux semblables, car le coup d’œil rapide et involontaire qu’il jeta sur son costume usé dévoilait que les privations auxquelles son hôte faisait allusion lui étaient familières. Cependant ni l’un ni l’autre ne semblant disposé à perdre plus de temps sur d’aussi frivoles objets, le voyageur passa son bras dans la bride de son cheval, et, acceptant l’invitation du propriétaire de l’habitation, ils se dirigèrent vers l’édifice fortifié sur l’éminence naturelle.

La tâche de fournir de la litière et de la pâture à la pauvre haridelle fut accomplie par Whittal Ring, sous l’inspection, et, de temps en temps, d’après les avis du cavalier et du vieillard, qui tous deux semblaient prendre un intérêt charitable au fidèle animal qui avait, suivant toute apparence, souffert si longtemps et si péniblement pour le service de son maître. Lorsque ce devoir fut rempli, le vieillard et l’inconnu entrèrent ensemble dans la maison. L’hospitalité franche et sans prétention du pays qu’ils habitaient ne connaissait ni soupçon ni hésitation lorsqu’il s’agissait de recevoir un homme du sang blanc, surtout s’il parlait le langage de l’île qui commençait à envoyer ses premiers essaims de colons pour conquérir et posséder une si grande portion du continent qui fait presque la moitié du globe.