Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coucher ; Straight-Horns nous suffira pour la fête. Nous mangerons, de cette façon, du mouton moins savoureux, mais tu n’auras point perdu de toison.

— Et où est-il celui qui s’est mêlé à nos prières, qui a mangé de notre pain ? celui qui discuta si longtemps en secret avec notre père, et qui s’est évanoui comme une vision ?

— C’est une question à laquelle, en vérité, il n’est pas possible de répondre maintenant, dit Content, qui jusqu’alors avait eu un air gai afin d’apaiser les craintes qui s’étaient élevées dans l’esprit de sa femme, craintes qu’il croyait sans fondement. Mais après avoir entendu cette question, sa tête se pencha sur sa poitrine comme une personne qui cherche des raisons dans sa propre pensée.

— N’importe, Ruth Heathcote, ajouta-t-il, la direction de cette affaire est entre les mains d’un homme d’un grand âge et d’une grande expérience. Si sa vieille sagesse lui manquait, ne savons-nous pas qu’un être encore plus sage que lui nous a sous sa garde ? Je vais conduire ce cheval à son écurie, et lorsque tu te seras jointe à moi pour demander la protection des yeux qui ne dorment jamais, nous nous livrerons au repos avec confiance.

— Tu ne quitteras plus la palissade cette nuit, dit Ruth arrêtant la main qui avait déjà tiré un verrou avant qu’elle eût parlé. J’ai un pressentiment de malheur.

— Je voudrais que l’étranger eût trouvé un autre abri que celui sous lequel il a fait sa courte visite. Il a disposé de mon troupeau, il a apaisé sa faim en commettant une faute, lorsqu’une simple demande l’eût rendu maître de ce dont le propriétaire de Wish-ton-Wish peut disposer de meilleur ; ce sont des vérités qui ne peuvent être niées. Cependant c’est un homme mortel, comme son bon appétit le prouverait, même si notre foi dans la Providence avait des doutes sur sa répugnance à permettre que des êtres méchants errent sous notre forme et substance. Je te dis, Ruth, que le cheval sera incapable de faire demain son service, et que notre père serait fâché si nous le laissions passer la nuit sur le côté froid de cette montagne. Va te reposer et prier Dieu, peureuse ; je fermerai la poterne avec soin. Ne crains rien ; l’étranger appartient à l’humanité, et sa tendance à faire le mal doit être limitée par le pouvoir humain.

— Je ne crains ni les chrétiens ni les visages blancs, mais le païen meurtrier est dans nos champs.