Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/23

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Tu les hais, ces bourgeois. Que le train les écrase !
Mais toi, défends ta peau !… Vite !… La mort accourt !

C’est bien court, quatre ou cinq secondes, c’est bien court ;
Mais pendant cet instant, ― cet éclair ! ― la pensée
De Marc par ce désir affreux fut traversée.
Oh ! quel choc ! Les wagons heurtés violemment
Font entendre un sinistre et profond craquement.
Les deux machines ont une lutte effrayante ;
Et, crachant la vapeur, la flamme et l’eau bouillante,
Par leurs flancs où rugit un monstrueux travail,
Les deux dragons de fer se mordent au poitrail.

Comme toujours, dans ces terribles aventures,
Les voyageurs se sont jetés hors des voitures
Et courent en poussant des hurlements d’effroi.
Mais la gare est très proche et se met en émoi.
Par ici !… Du secours !… Enfin, de la lumière !…
Chacun se calme un peu de sa frayeur première.
On s’empresse aux wagons ! Ah ! fort heureusement,
Plus de peur que de mal ! Deux blessés seulement.
Aucun mort. Si, pourtant. Un seul, ― c’est pitoyable ! ―
Le mécanicien de l’express, pauvre diable,
Qu’on trouve, brûlé vif, horrible, agonisant,