partout, toujours plus près ! Ce furent les Chambres en permanence, les ministres renversés avec rage, la gauche impérieuse et menaçante, l’éclosion des lois de détresse, des mesures désespérées, les murailles couvertes des affiches de l’état de siège. Puis vint l’absence de nouvelles, pire que les mauvaises nouvelles. On commença à vivre dans la rue, discutant, pérorant, des journaux en main. La foule, affolée de crédulité et d’espérance, accueillit toutes les fables, victoires sous Metz, carrières de Jaumont. Paris changea d’aspect tous les jours. Hier sillonné par les ridicules uniformes des pompiers de province, réunis contre une émeute possible par le gouvernement éperdu, il s’emplissait aujourd’hui d’anciens soldats, d’hommes de la réserve, sales, à demi équipés, ivres souvent, et accompagnait, le lendemain, de chants et de hurrahs frénétiques le départ de ses mobiles pas encore armés. Après s’être un jour pavoisé soudain sur un faux bruit de victoire, il courait en masse voir ses fortifications, qui n’avaient servi jusque-là qu’aux idylles du piou-piou et de sa payse et aux joies faubouriennes du dimanche, à présent bouleversées par la pioche des terrassiers, couvertes de chevaux et de travailleurs, retentissantes des claquements
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Apparence