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pendant quelques jours et j’inventai un sujet de ballet.

J’en inventai même deux, et le directeur actuel de l’Opéra pourrait découvrir dans ses cartons le manuscrit des Fleurs mortelles, où il y avait une idée que j’oserai qualifier de poétique et de jolie, attendu qu’elle n’est pas de moi et qu’elle m’avait été inspirée par une nouvelle de l’Américain Nathaniel Hawthorne. Mais Vaucorbeil préféra la fable de la Korrigane.

J’avais bretonnisé quelque peu. J’aime beaucoup Brizeux, je possède assez bien mon Luzel et mon La Villemarqué. Depuis longtemps, paraît-il, on n’avait vu au théâtre ni coiffes blanches, ni bragou-brass. L’histoire d’Yvonnette, changée en Korrigane pour n’avoir pas rendu, à l’heure dite, ses beaux atours à la Reine des Nains, avait le mérite d’être très simple, presque enfantine. On me félicita d’avoir, du premier coup, égalé le génie de Ma Mère l’Oie ; et la Korrigane fut mise à l’étude.

Mais alors — ô surprise ! — j’appris que mon rôle était terminé, ma besogne accomplie. Mon Dieu, oui. Le reste regardait mes collaborateurs, le chorégraphe Mérante et le compositeur Widor. On m’autorisait sans doute, on m’invitait même à assister aux répétitions; mais c’était pure politesse, car je ne servais à rien. Cette esquisse à peine crayonnée, ce conte de nourrice improvisé sur trois feuillets, voilà tout ce qu’on attendait de moi.