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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/42

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Cependant, comme une loi fatale veut qu’un ouvrage dramatique subisse toujours quelque coupure avant de se produire sur la scène, on exigea la suppression de quatre ou cinq lignes de mon si court manuscrit.

Il y a, dans la Korrigane, un bossu plein de malice, le traître de la pièce, que j’avais chargé, comme de juste, de tous les péchés d’Israël. Au début du premier acte, quand la foule arrive au pardon, Paskou — c’est le nom du bossu — « faisait » le mouchoir d’un vieux paysan, le déployait, s’apercevait qu’il était vieux et troué, s’y mouchait bruyamment en signe de mépris et le refourrait dans les larges braies du bonhomme.

J’étais assez satisfait, je l’avoue, de cette scurrilité. Mais elle fut blâmée par tous à l’Opéra. Que dis-je ? Elle fit horreur, comme appartenant à la basse farce, aux traditions des Funambules. Pour un peu, on m’aurait renvoyé aux tréteaux de la Foire aux pains d’épices. On me rappela que je me trouvais dans un théâtre aristocratique, où le grand art était seul admis, et l’on me fit sentir que ma petite pantomime du mouchoir volé, souillé et remis dans la poche de son propriétaire, manquait tout à fait de noblesse. C’est avec la rougeur au front que j’en fis le sacrifice.

Ces répétitions, où je n’étais pas plus nécessaire qu’une cinquième roue à un char, m’ont laissé d’ailleurs les plus agréables souvenirs. J’ai observé là le travail très ingénieux et très compliqué du maître de ballet;