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Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/50

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L’ouvrage fut pourtant interrompu et menacé de disparaître, dès le début. En accomplissant un des tours de force chorégraphiques qui composent son rôle et dont plusieurs sont vraiment périlleux, la Mauri se blessa au pied. Entorse ou foulure, je ne me souviens plus. Le fait est que la pauvre « étoile », hors d’état de danser, dut, pendant de longues semaines, rester étendue sur un canapé, la jambe immobile. Vous devinez son chagrin, son inquiétude, son impatience de guérir. Bien entendu, les princes de la science, les maîtres de la chirurgie se précipitèrent — je parle sans métaphore — aux pieds de la danseuse. Mais leurs efforts furent impuissants, ou du moins aucune amélioration appréciable ne se produisit tout d’abord.

La malheureuse jeune fille se désespérait, encore plus énervée chaque jour par les visites des camarades, par les nouvelles du théâtre que l’accident mettait dans un embarras réel, par les hypocrites condoléances des rivales, quand soudain son père, vieil Espagnol ayant la foi naïve et superstitieuse de sa race, déclara que les docteurs à rosette rouge n’y entendaient rien et que, pour obtenir la guérison de sa fille, il allait faire un pèlerinage là-bas et suspendre une riche offrande à quelque autel à miracle. L’ancien danseur — car la Mauri est une enfant de la balle — se mit donc en route sans retard, emportant comme ex-voto un petit