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histoire.

toutes les mesures d’une intolérance si constante, si ingénieuse et si cruelle ne purent jamais réussir à ramener les peuples protestants, ni à déraciner les réformés du milieu du sol de son royaume. Une grande leçon que légua sa politique, c’est qu’il ne fut pas donné au règne le plus absolu et le plus brillant peut-être qui fut jamais, d’arriver à la consommation définitive d’une grande injustice.

En effet, nous allons voir les églises du midi de la France sortir glorieusement de leurs ruines. Les difficultés étaient immenses. D’un côté, dans la province de Languedoc, dans le Vivarais, et dans tout le district des hautes et basses Cévennes, le zèle s’était, il est vrai, conservé. La foi si longtemps proscrite était encore vivante dans les cœurs d’une forte partie des habitants ; mais, de l’autre côté, c’était aussi dans ces contrées que les désordres avaient régné le plus longtemps, que les plus grands excès avaient été commis, et que la guerre la plus sanglante avait confondu ses ravages avec ceux d’un fanatisme porté jusqu’au désespoir. Cet état de choses avait amené la clôture de toutes les écoles, la destruction de toutes les églises, et la suppression des synodes. Plus d’académies d’où il pût sortir de nouveaux ministres. Ceux qui avaient fui le sol natal n’étaient guère disposés à revenir dans cette partie de la France à peine pacifiée, où leurs travaux eussent été interrompus par un martyre presque inévitable, après les premières années qui suivirent la guerre des camisards.

Cependant, même en l’absence de tous conducteurs, les troupeaux fidèles, éclaircis par les combats et les persécutions, continuèrent à célébrer, quoique d’une manière fort irrégulière, ce culte que tant de malheurs semblaient leur faire chérir davantage.