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des églises du désert.

que son jeune confrère, Louis Rang, avait été arrêté à Livron, il lui écrivit pour le fortifier ; il répétait sans cesse : « Pauvre enfant, que je voudrais être à ta place ! » Ce vœu ne fut que trop tôt exaucé. Ayant appris l’imputation calomnieuse qu’on faisait circuler contre lui, il la démentit et continua toutes ses fonctions. « Je vous donne aussi avis, écrivait-il à Paul Rabaut, que l’on continue d’appeler des personnes à Grenoble et que même l’on en a retenu quatre ou cinq. On en a enfermé une à Die et les mesures se renouvellent ; mais, nonobstant tout cela, presque tous font bénir leurs mariages et baptiser leurs enfants par les ministres, et les assemblées sont aussi fréquentes que nombreuses ; ce qui cause tant de fatigue à nos messieurs que la moitié en a la santé altérée sans pouvoir prendre du repos. (Lettre du 20 sept. 1744.) Quelques mois après avoir tracé ces lignes, ce ministre fut vendu et saisi dans le bois des Petites-Vachères, près de Crest, en avril 1745. Il répondit à l’officier qui lui demandait qui il était : « Je suis celui que vous cherchez depuis trente-neuf ans ; il était temps que vous me trouvassiez. » Transféré à Grenoble, il y fut condamné à mort, en vertu de la déclaration de 1724, par le dispositif suivant : « La cour a déclaré ledit Roger dûment atteint et convaincu d’avoir fait les fonctions de prédicant dans les diverses assemblées des religionnaires, et en divers lieux de la province, en réparation de quoi l’a condamné d’être livré à l’exécuteur et être pendu et étranglé jusqu’à ce que mort naturelle s’ensuive. » On remarqua qu’il n’y avait pas dans cet arrêt un seul mot du prétendu édit, dont on l’avait si calomnieusement chargé. Il écouta son arrêt avec la même fermeté merveilleuse qui avait étonné les juges lors de