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pays, son influence, ses mœurs, et par là faciliter les voies d’une occupation future, si le gouvernement jugeait convenable de l’accomplir un jour »[1].

Devinant de suite le parti qu’il pouvait tirer de ces missionnaires, Pomaré les accueillit avec de grandes démonstrations d’amitié, leur donna des terres et des matériaux pour construire un temple et des habitations.

Il espérait que cette protection qu’il donnait si généreusement aux missionnaires, lui serait accordée à son tour par l’Angleterre. Il ne se trompait pas : une nouvelle guerre ayant éclaté dans l’île, Pomaré triompha encore de ses ennemis, grâce au navire anglais le « Norfolk » qui lui prêta son concours, sur la recommandation de ses protégés. Cette fois, la victoire de Pomaré fut décisive, et toute l’île reconnut son autorité sans contestation. C’est au milieu de son triomphe qu’il mourut, laissant le pouvoir à son fils, qui prit le nom de Pomaré II (3 septembre 1803).

Le nouveau roi ne le cédait en rien à son père comme habileté et astuce : aussi commença-t-il à protéger les missionnaires ; il leur promit même de détruire les idoles à Tahiti, de faire cesser les sacrifices humains ; mais il leur demandait, en même temps, beaucoup de fusils, beaucoup de poudre, parce que, disait-il, les « guerres sont fréquentes, et si j’étais tué, vous n’auriez plus rien à Tahiti ».

Du reste, d’un naturel violent et emporté, jaloux et d’une autorité despotique, Pomaré II ne tarda pas à mécontenter l’île tout entière ; on lui reprochait ses déprédations, ses abus de pouvoirs et les complaisan-

  1. Vincendon-Dumoulin, Îles Tahiti.