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voir le baptême. Nouveau Clovis, il espérait que ce Dieu dont on lui vantait le pouvoir et la puissance triompherait de ses ennemis et le rendrait victorieux.

Mais, non content de cet appui moral, il ne dédaignait pas les moyens matériels : aussi, afin de lier plus étroitement les îles Sous-le-Vent à sa fortune, il épousa la fille de Tamatoa, chef de Raiatea ; il savait que les guerriers de ces îles étaient supérieurs en valeur et en courage à tous ceux des archipels voisins, et que l’espoir du pillage les entraînerait facilement à le suivre dans une expédition contre Tahiti.

Ainsi, pendant que les chefs de Tahiti allaient en s’affaiblissant de jour en jour, Pomaré II augmentait ses forces et ses chances de succès.

Tous ses préparatifs étant terminés, il résolut de débarquer à Tahiti et de reconquérir son trône ; escorté par une flotte nombreuse de guerriers, il fit voile sur l’île et y aborda vers la fin de mars 1815. Coïncidence étrange et remarquable : c’était la même année, le même mois, où, sur l’autre hémisphère, un autre conquérant célèbre venait aussi, après un exil, débarquer dans son ancien empire et reconquérir son trône.

Le débarquement des troupes de Pomaré eut lieu sans difficultés ; il avait plus de huit cents combattants avec lui, qui tous, imitant l’exemple de leur chef, s’étaient faits chrétiens : aussi, dès que les guerriers eurent touché terre, on célébra un service solennel pour remercier Dieu de sa protection ; leurs ennemis, espérant les surprendre, marchèrent contre eux, et comme les partisans de Pomaré s’apprêtaient à se défendre, ce prince se leva et leur dit « qu’ils étaient sous la protection de Jéhovah, et qu’étant réunis pour l’ado-