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Ne recevant pas de réponse d’Angleterre, ils pensèrent donc à la France. La demande, signée par toute l’assemblée, acceptée même par la reine, allait partir pour l’Europe, quand un navire anglais, le Curaçao, arrivant à Tahiti (octobre 1841), vint changer leur résolution : la crainte de mécontenter l’Angleterre les arrêta, et, changeant immédiatement d’idées, ils recommencèrent à persécuter nos malheureux compatriotes, confisquèrent les terres des missionnaires catholiques et les empêchèrent d’exercer leur culte. Heureusement l’Aube, capitaine du Bouzet, arriva à Tahiti quelques mois après : les persécutions s’arrêtèrent immédiatement ; encore cette fois, le commandant demanda des amendes et des châtiments pour les coupables : tout lui fut accordé ; mais aussi, dès le départ de la frégate, tout fut suspendu. La reine, à ce moment, commençait à se désintéresser de son gouvernement. Retirée dans l’île de Morea, elle venait d’accoucher de son second fils, qui fut plus tard Tamatoa V, roi de Raiatea (1842).

Sur ces entrefaites, l’amiral Dupetit-Thouars, qui venait de prendre possession des îles Marquises au nom de la France, arriva à Tahiti. Il avait appris les nouvelles insultes faites à nos nationaux, et cette fois il était bien décidé à en obtenir une réparation éclatante. À peine arrivé, il écrivit à la reine Pomaré, et après lui avoir exposé et énuméré tous ses griefs, il lui disait : « Est-ce donc là la protection égale à celle de la nation la plus favorisée à laquelle nous avions droit ? Est-ce là le traitement garanti à nos nationaux par les traités ? Non ; ils ont été violés et mis de côté, de la façon la plus outrageante pour la France, et c’est par l’impunité des criminels que