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La reine ne se découragea point, elle s’empressa d’écrire une lettre de supplication à Louis-Philippe. Ô Roi, lui disait-elle, j’ai été privée en ce jour de mon gouvernement ; ma souveraineté a été violée, et votre amiral s’est emparé, les armes à la main, de mon territoire, parce que j’étais accusée de ne pas observer le traité conclu le 9 septembre 1842.

« Je ne connais aucune partie du traité qui déterminait la nature de mon pavillon. Je proteste formellement contre la dure mesure prise par votre amiral ; mais j’ai confiance en vous, et j’attends ma délivrance de votre justice et de votre bonté pour une souveraine sans pouvoir.

« Ma prière, la voici : Puisse le Tout-Puissant adoucir votre cœur ! puissiez-vous reconnaître la justice de ma demande et me rendre la souveraineté et le gouvernement de mes ancêtres ! Soyez béni par Dieu, ô Roi, et que votre règne soit long et florissant : telle est ma prière.

« Pomaré. »

En même temps Pritchard remplissait les journaux anglais de ses doléances et de ses plaintes ; il annonçait partout que c’en était fait du culte évangélique à Tahiti, et il réclamait des prières publiques en faveur de l’œuvre des missions protestantes en grand danger de disparaître dans l’Océanie.

Il savait, du reste, qu’il jouait un peu le tout pour le tout, car l’Angleterre avait reconnu le protectorat français, sans difficulté, et si son gouvernement ne l’avait pas absolument désavoué dans ses agissements, il lui avait fait comprendre, du moins, que son zèle était intempestif, en le changeant de résidence et