Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/11

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trouverai conſéquemmenr forcé de m’arrêter ſdes détails qui peuvent rendre long le récit que je me propoſe. Un journal qui ne peut me donner que peu d’eſpace, me préſente l’inconvénient de ne pouvoir montrer le tableau dans ſon enſemble ; mais tel qu’il ſoit, cet inconvénient eſt moindre pour moi que celui de faire un livre. Je couperai mon récit. Les faits auront toujours le droit d’intéreſſer les lecteurs, parce qu’ils ne font point connus, parce qu’ils jettent un jour vrai sur l’homme qui les intéreſſe, que la haine & la calomnie ont pourſuivi injuſtement ; enfin, parce qu’ils expliquent l’énigme des contradictions dont cet homme rare étoit compoſé.

Dès le commencement de ma liaiſon avec J. J., je me reſſentis des effets de ſon caractère ombrageux, c’étoit un tribut qu’il falloit payer ; mais ce qu’il y a de ſingulier à remarquer, c’eſt que j’ai commencé par où tous les autres ont fini. Il étoit alors dans la néceſſité de copier de la muſique pour vivre. Il trouvoit dans le produit de ce travail ce qui ſuffiſoit amplement à ſes besoins. Il copioit avec une exactitude rare dans ceux qui vivent ordinairement de ce genre de travail ; il se faiſoit payer plus cher, & ſans doute que la curioſité attiroit chez lui, ſous ce pré-