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à lui-même puiſſent planer ſur ſa tête, ſoit dans l’eſprit de ſes contemporains, ſoit chez la poſtérité. Ses contemporains ſavent apprécier les accuſations qui font ſi ſouvent ſorties de la tête & de la plume de J. J., & Duſaulx a l’avantage de jouir d’une réputation qui le met à l’abri de toute crainte à cet égard ; Il ne reſte donc plus que la poſtérité. La poſtérité ne verra de Rouſſeau que ſes écrits, elle ne s’arrêtera que ſur les traits hardis de ſon éloquence entraînante, elle s’échauffera aux peintures tracées par son ſtyle animé & brûlant, puiſées dans une ſenſibilité vraie, & dans un cœur le plus ſuſceptible d’aimer ; elle aimera les devoirs qu’il preſcrit, par la manière dont il les preſcrit, & les remplira, parce qu’il le veut ainsi. Elle ne s’occupera que très-légèrement du degré de ſes torts avec les perſonnes qui ont eu avec lui quelques relations ſociales. Duſaulx pouvoit donc, ſans crainte d’être compromis, ne pas expoſer aux regards des mal-intentionnés, mais couvrir plutôt de ſon manteau celui devant lequel il s’obſtine toujours à vouloir brûler ſon encens.

J’ai vu Rouſſeau conſtamment & ſans interruption, pendant les douze dernières années de ſa vie. Je me propose ici non pas de le louer ; non pas de le juſtifier, mais de