Page:Corbière - Le Négrier.djvu/772

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tristes auspices, devait être malheureuse jusqu’au bout. À deux cents lieues environ de la côte d’Afrique, des calmes opiniâtres enchaînèrent, pour ainsi dire, mon navire sur une mer qu’aucune brise ne venait animer. Je restai vingt jours dans cette position désespérante, où l’on semble destiné à périr du supplice de la faim, au milieu de l’Océan, et sous l’ardeur d’un ciel immobile et inexorable.

Vers le vingtième jour de calme, quelques orages éclatèrent et me permirent de faire un peu de roule. Des brises inconstantes, dont je sus profiter, m’éloignèrent un peu des parages où je croyais avoir à redouter le plus la continuation du calme. Les vents alisés me favorisèrent enfin pendant plus d’une semaine,