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pour m’abandonner ensuite et me laisser dans la situation où ils m’avaient pris. Ma provision d’eau s’épuisait, et je ne pouvais cependant conserver mes esclaves qu’en leur distribuant la ration accoutumée. Une maladie terrible se manifesta parmi eux et au sein de mon équipage même. L’ophthalmie, affection trop ordinaire dans ces parages, avait réduit le plus grand nombre à l’état d’une cécité presque complète.
Et pas un souffle de vent sur cette mer si tranquille, qui semblait, par son immobilité, se plaire à allumer dans mon âme les sentimens les plus impétueux ! Quel contraste entre la rage et le désespoir de tout cet équipage, et le calme irritant de ces flots ! Un nuage venait-il à s’élever sur l’azur de ce ciel d’airain,