Page:Corbière - Le Négrier.djvu/774

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vite l’espoir brillait sur nos figures abattues. On tendait les prélats, pour recueillir la pluie qui semblait vouloir nous inonder ; on bordait toutes les voiles, pour recevoir la brise que le nuage nous promettait, et le nuage passait sur nos têtes brûlantes, sans nous jeter un souffle de vent, sans nous laisser tomber une seule goutte d’eau !…

Quinze jours se passent de la sorte. Le sommeil avait fui mes yeux brûlans. Mes nègres, malades et presque aveugles, pouvaient se promener en toute liberté sur le pont. Je n’avais plus à redouter ces malheureux, errant à tâtons, comme des ombres, autour de mes pauvres matelots aveugles comme eux. Mon second, vieux et épuisé, meurt près