Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/72

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plus vive. Même en admettant qu’une « onde de facilité » ait passé sur cette époque, on reconnaîtra que la situation de Mme Volland était assez délicate. On s’imagine son embarras, son malaise, son inquiétude, lorsqu’elle découvrit le violent attrait qui précipitait l’un vers l’autre sa fille et Diderot.

Certes, il était célèbre et recherché. Certes, on vantait son caractère autant que son talent. Mais c’était un homme marié. Sa réputation d’honnêteté devait-elle suffire à rassurer une mère ? Elle balançait. D’autant plus qu’en dépit de sa juste défiance, elle se sentait parfois, elle aussi, gagnée par la fougue généreuse, la parole de feu, la cordiale bonhomie, l’ardeur à vivre de l’amoureux Diderot.

Si bien que cette femme, qui passait pour autoritaire et résolue, se montrait envers lui tour à tour complaisante et sévère. Ne nous en étonnons pas. La contradiction n’est-elle pas le rythme de la vie ? Tous les grands mouvements naturels, ceux de la mer ou du sang, ne sont-ils pas une suite de flux et de reflux, d’élans contraires ?

D’abord, elle veut éloigner sa fille. Elles se retireront toutes deux, au moins une partie de l’année,