Ce n’est que de mes veux ! Dessillez la paupière,
Et d’un sens plus rassis jugez de leur éclat.
Et plus je vous contemple, et plus sur ce visage
Je m’étonne de voir un autre air, un autre âge :
Je ne reconnois plus aucun de vos attraits.
Jadis votre nourrice avoit ainsi les traits,
Le front ainsi ridé, la couleur ainsi blême,
Le poil ainsi grison. Ô Dieux ! c’est elle-même.
Nourrice, qui t’amène en ces lieux pleins d’effroi[1] ?
Y viens-tu rechercher Mélite comme moi ?
Cliton la vit pâmer, et se brouilla de sorte[2]
Que la voyant si pâle il la crut être morte ;
Cet étourdi trompé vous trompa comme lui.
Au reste, elle est vivante, et peut-être aujourd’hui
Tircis, de qui la mort n’étoit qu’imaginaire,
De sa fidélité recevra le salaire.
En vain pour les trouver je rends tant de combats.
Votre douleur vous trouble, et forme des nuages
Qui séduisent vos sens par de fausses images :
Cet enfer, ces combats ne sont qu’illusions[3].
Je ne m’abuse point de fausses visions :