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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/435

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ACTE II, SCÈNE VII.

Scène VII.

PYMANTE, DORISE.
PYMANTE

Ô Dieux ! voici Géronte, et je le croyois mort.
Malheureux compagnon de mon funeste sort…

DORISE

585Ton œil t’abuse. Hélas ! misérable, regarde
Qu’au lieu de Rosidor ton erreur me poignarde.

PYMANTE.

Ne crains pas, cher ami, ce funeste accident,
Je te connois assez, je suis… Mais imprudent,
Où m’alloit engager mon erreur indiscrète ?
590Monsieur, pardonnez-moi la faute que j’ai faite.
Un berger d’ici près a quitté ses brebis
Pour s’en aller au camp presque en pareils habits ;
Et d’abord vous prenant pour ce mien camarade,
Mes sens d’aise aveuglés ont fait cette escapade.
595Ne craignez point au reste un pauvre villageois
Qui seul et désarmé court à travers ces bois[3].

  1. Var. Il prend Dorise pour Géronte, et court l’embrasser. (1682, en marge.) — Il la prend pour Géronte dont elle a vêtu l’habit, et court l’embrasser. (1663, en marge.)
  2. Var. Elle croit qu’il, etc. (1632, en marge.) — Elle croit qu’il la prend pour Rosidor, et qu’il l’embrasse pour la poignarder. (1663, en marge.)
  3. Var. Qui seul et désarmé cherche dedans ces bois
    Un bœuf piqué du taon, qui, brisant nos closages,
    Hier, sur le chaud du jour, s’enfuit des pâturages :
    M’en apprendrez-vous rien, Monsieur ? j’ose penser
    Que par quelque hasard vous l’aurez vu passer.
    dor. Non, je ne te saurois rien dire de ta bête.
    pym. Monsieur, excusez donc mon incivile enquête ;
    Je vais d’autre côté tâcher à la revoir ;
    Disposez librement de mon petit pouvoir (a).
    [dor. Ami, qui que tu sois, si ton âme sensible]
    À la compassion se peut rendre accessible. (1632-57)
    (a). C’est le vers 646 de Mélite.