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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/476

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CLITANDRE.
CLITANDRE.

C’est à quoi désormais je veux penser le moins[1].

FLORIDAN.

Le moins ! Quoi ! désormais Caliste en ta pensée
1310N’auroit plus que le rang d’une image effacée ?

CLITANDRE.

J’ai honte que mon cœur auprès d’elle attaché
De son ardeur pour vous ait souvent relâché[2],
Ait souvent pour le sien quitté votre service :
C’est par là que j’avois mérité mon supplice ;
1315Et pour m’en faire naître un juste repentir,
Il semble que les Dieux y vouloient consentir ;
Mais votre heureux retour a calmé cet orage.

FLORIDAN.

Tu me fais assez lire au fond de ton courage[3] :
La crainte de la mort en chasse des appas
1320Qui t’ont mis au péril d’un si honteux trépas,
Puisque sans cet amour la fourbe mal conçue[4]
Eût manqué contre toi de prétexte et d’issue ;
Ou peut-être à présent tes désirs amoureux
Tournent vers des objets un peu moins rigoureux[5].

CLITANDRE.

1325Doux ou cruels, aucun désormais ne me touche.

FLORIDAN.

L’amour dompte aisément l’esprit le plus farouche ;
C’est à ceux de notre âge un puissant ennemi :
Tu ne connois encor ses forces qu’à demi ;
Ta résolution, un peu trop violente,

  1. Var. C’est à quoi désormais je veux songer le moins. (1632-60)
  2. Var. Ait son ardeur vers vous si souvent relâché,
    Si souvent pour le sien quitté votre service. (1632-57)
  3. Var. Je devine à peu près le fond de ton courage. (1632-57)
  4. Var. Vu que sans cette amour la fourbe mal conçue. (1632-60)
  5. Var. Se cherchent des objets un peu moins rigoureux. (1632-57)