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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/484

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CLITANDRE.
FLORIDAN.

Seigneur, moi qui connois le fond de son courage[1],
1490Et qui n’ai jamais vu de fard en son langage,
Je tiendrois à bonheur que Votre Majesté
M’acceptât pour garant de sa fidélité.

ALCANDRE.

Ne nous arrêtons plus sur la reconnoissance
Et de mon injustice, et de son innocence :
1495Passons aux criminels. Toi dont la trahison
A fait si lourdement trébucher ma raison[2],
Approche, scélérat. Un homme de courage
Se met avec honneur en un tel équipage[3] ?
Attaque, le plus fort, un rival plus heureux ?
1500Et présumant encor cet exploit dangereux,
À force de présents et d’infâmes pratiques,
D’un autre cavalier corrompt les domestiques ?
Prend d’un autre le nom, et contrefait son seing,
Afin qu’exécutant son perfide dessein,
1505Sur un homme innocent tombent les conjectures ?
Parle, parle, confesse, et préviens les tortures.

PYMANTE.

Sire, écoutez-en donc la pure vérité.
Votre seule faveur a fait ma lâcheté,
Vous dis-je, et cet objet dont l’amour me transporte[4].
1510L’honneur doit pouvoir tout sur les gens de ma sorte ;
Mais recherchant la mort de qui vous est si cher[5],
Pour en avoir le fruit il me falloit cacher :


  1. Var. Monsieur, moi qui connois le fond de son courage. (1632-57)
  2. Var. A fait si lourdement chopper notre raison. (1632-57)
  3. Var. Se met souvent, non pas ? en un tel équipage. (1632-57)
  4. Var. Vous, dis-je, et cet objet dont l’amour me consomme.
    Je sais ce que l’honneur vouloit d’un gentilhomme ;
    Mais recherchant la mort d’un qui nous (a) est si cher,
    Pour en avoir les fruits il me falloit cacher. (1632)
    (a). C’est évidemment vous qu’il faut lire.
  5. Var. Mais recherchant la mort d’un qui vous est si cher. (1644-37)