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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/485

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ACTE V, SCÈNE IV.

Reconnu pour l’auteur d’une telle surprise,
Le moyen d’approcher de vous ou de Dorise ?

ALCANDRE.

1515Tu dois aller plus outre, et m’imputer encor[1]
L’attentat sur mon fils comme sur Rosidor ;
Car je ne touche point à Dorise outragée ;
Chacun, en te voyant, la voit assez vengée,
Et coupaille elle-même, elle a bien mérité
1520L’affront qu’elle a reçu de ta témérité.

PYMANTE.

In crime attire l’autre, et de peur d’un supplice,
On tâche, en étouffant ce qu’on en voit d’indice,
De paroître innocent à force de forfaits.
Je ne suis criminel sinon manque d’effets.
1525Et sans l’âpre rigueur du sort qui me tourmente,
Vous pleureriez le Prince et souffririez Pymante.
Mais que tardez-vous plus ? j’ai tout dit : punissez.

ALCANDRE.

Est-ce là le regret de tes crimes passés ?
Ôtez-le-moi d’ici : je ne puis voir sans honte
1530Que de tant de forfaits il tient si peu de conte[2].
Dites à mon conseil que, pour le châtiment,
J’en laisse à ses avis le libre jugement ;
Mais qu’après son arrêt je saurai reconnoître
L’amour que vers son prince il aura fait paroître.
1535Viens çà, toi, maintenant, monstre de cruauté[3],
Qui joins l’assassinat à la déloyauté[4],
Détestable Alecton, que la Reine déçue
Avoit naguère au rang de ses filles reçue !

  1. Var. Va plus outre, impudent, pousse, et m’impute encor. (1632-57)
  2. Voyez plus haut, p. 150, la note relative a la variante du vers 134 de Mélite.
  3. En marge, dans l’édition de 1632 : Pymante sort, et le Roi fait approcher Dorise.
  4. Var. Qui veux joindre le meurtre à la déloyauté. (1632-64)