Reconnu pour l’auteur d’une telle surprise,
Le moyen d’approcher de vous ou de Dorise ?
[1]
L’attentat sur mon fils comme sur Rosidor ;
Car je ne touche point à Dorise outragée ;
Chacun, en te voyant, la voit assez vengée,
Et coupaille elle-même, elle a bien mérité
L’affront qu’elle a reçu de ta témérité.
In crime attire l’autre, et de peur d’un supplice,
On tâche, en étouffant ce qu’on en voit d’indice,
De paroître innocent à force de forfaits.
Je ne suis criminel sinon manque d’effets.
Et sans l’âpre rigueur du sort qui me tourmente,
Vous pleureriez le Prince et souffririez Pymante.
Mais que tardez-vous plus ? j’ai tout dit : punissez.
Est-ce là le regret de tes crimes passés ?
Ôtez-le-moi d’ici : je ne puis voir sans honte
Que de tant de forfaits il tient si peu de conte[2].
Dites à mon conseil que, pour le châtiment,
J’en laisse à ses avis le libre jugement ;
Mais qu’après son arrêt je saurai reconnoître
L’amour que vers son prince il aura fait paroître.
Viens çà, toi, maintenant, monstre de cruauté[3],
Qui joins l’assassinat à la déloyauté[4],
Détestable Alecton, que la Reine déçue
Avoit naguère au rang de ses filles reçue !