Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/486

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
CLITANDRE.

Quel barbare, ou plutôt quelle peste d’enfer
1540Se rendit ton complice et te donna ce fer[1] ?

DORISE.

L’autre jour, dans ce bois trouvé par aventure[2],
Sire, il donna sujet à toute l’imposture ;
Mille jaloux serpents qui me rougeoient le sein
Sur cette occasion formèrent mon dessein :
Je le cachai dès lors.

FLORIDAN.

1545Je le cachai dès lors.Il est tout manifeste
Que ce fer n’est enfin qu’un misérable reste[3]
Du malheureux duel où le triste Arimant
Laissa son corps sans âme et Daphné sans amant.
Mais quant à son forfait, un ver de jalousie
1550Jette souvent notre âme en telle frénésie,
Que la raison, qu’aveugle un plein emportement[4],
Laisse notre conduite à son dérèglement ;
Lors tout ce qu’il produit mérite qu’on l’excuse.

ALCANDRE.

De si foibles raisons mon esprit ne s’abuse.

FLORIDAN.

1555Seigneur, quoi qu’il en soit, un fils qu’elle vous rend[5]
Sous votre bon plaisir sa défense entreprend :
Innocente ou coupable, elle assura ma vie.

ALCANDRE.

Ma justice en ce cas la donne à ton envie ;
Ta prière obtient même avant que demander
1560Ce qu’aucune raison ne pouvoit t’accorder.
Le pardon t’est acquis, relève-toi, Dorise,

  1. Var. Se rendit ton complice et te bailla ce fer ? (1632-57)
  2. Var. L’autre jour, dans ces bois trouvé par aventure. (1632-64)
  3. Var. Que ce fer n’est sinon un misérable reste
    Du malheureux duel où le pauvre Arimant. (1632-57)
  4. Var. Que la raison, tombée en un aveuglement. (1632-57)
  5. Var. Monsieur, quoi qu’il en soit, un fils qu’elle vous rend. (1632-57)