Quel barbare, ou plutôt quelle peste d’enfer
Se rendit ton complice et te donna ce fer[1] ?
L’autre jour, dans ce bois trouvé par aventure[2],
Sire, il donna sujet à toute l’imposture ;
Mille jaloux serpents qui me rougeoient le sein
Sur cette occasion formèrent mon dessein :
Je le cachai dès lors.
Que ce fer n’est enfin qu’un misérable reste[3]
Du malheureux duel où le triste Arimant
Laissa son corps sans âme et Daphné sans amant.
Mais quant à son forfait, un ver de jalousie
Jette souvent notre âme en telle frénésie,
Que la raison, qu’aveugle un plein emportement[4],
Laisse notre conduite à son dérèglement ;
Lors tout ce qu’il produit mérite qu’on l’excuse.
De si foibles raisons mon esprit ne s’abuse.
[5]
Sous votre bon plaisir sa défense entreprend :
Innocente ou coupable, elle assura ma vie.
Ma justice en ce cas la donne à ton envie ;
Ta prière obtient même avant que demander
Ce qu’aucune raison ne pouvoit t’accorder.
Le pardon t’est acquis, relève-toi, Dorise,
- ↑ Var. Se rendit ton complice et te bailla ce fer ? (1632-57)
- ↑ Var. L’autre jour, dans ces bois trouvé par aventure. (1632-64)
- ↑ Var. Que ce fer n’est sinon un misérable reste
Du malheureux duel où le pauvre Arimant. (1632-57) - ↑ Var. Que la raison, tombée en un aveuglement. (1632-57)
- ↑ Var. Monsieur, quoi qu’il en soit, un fils qu’elle vous rend. (1632-57)