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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/487

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ACTE V, SCÈNE IV.

Et va dire partout, en liberté remise,
Que le Prince aujourd’hui te préserve à la fois
Des fureurs de Pymante et des rigueurs des lois.

DORISE.

1565Après une bonté tellement excessive,
Puisque votre clémence ordonne que je vive,
Permettez désormais, Sire, que mes desseins
Prennent des mouvements plus réglés et plus sains :
Souffrez que pour pleurer mes actions brutales,
1570Je fasse ma retraite avecque les Vestales,
Et qu’une criminelle indigne d’être au jour[1]
Se puisse renfermer en leur sacré séjour.

FLORIDAN.

Te bannir de la cour après m’être obligée,
Ce seroit trop montrer ma faveur négligée.

DORISE.

1575N’arrêtez point au monde un objet odieux[2],
De qui chacun d’horreur détourneroit les yeux.

FLORIDAN.

Fusses-tu mille fois encor plus méprisable,
Ma faveur te va rendre assez considérable
Pour t’acquérir ici mille inclinations[3].
1580Outre l’attrait puissant de tes perfections,
Mon respect à l’amour tout le monde convie
Vers celle à qui je dois et qui me doit la vie.
Fais-le voir, cher Clitandre, et tourne ton désir[4]
Du côté que ton prince a voulu te choisir :
1585Réunis mes faveurs t’unissant à Dorise.

CLITANDRE.

Mais par cette union mon esprit se divise,

  1. Var. Et qu’ainsi je renferme en leur sacré séjour
    Une qui ne dût pas seulement voir le jour. (1632-57)
  2. Var. N’arrêtez point au monde un sujet odieux. (1632-57)
  3. Var. Pour te faire l’objet de mille affections. (1632-57)
  4. Var. Fais-le voir, mon Clitandre, et tourne ton désir. (1632-57)