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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/511

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HOMMAGES ADDRESSÉS À CORNEILLE
À MONSIEUR CORNEILLE SUR SA VEUVE.

.

ÉPIGRAMME.

La Renommée est si ravie
Des mignardises de tes vers,
Qu’elle chante par l’univers
L’immortalité de ta vie.
Mais elle se trompe en un point,
Et voici comme je l’épreuve :
Un homme qui ne mourra point
Ne peut jamais faire une Veuve.
Quoique chacun en soit d’accord,
Il faut bien que du ciel ce beau renom te vienne.
Car je sais que tu n’es pas mort,
Et toutefois j’adore et recherche la tienne.
Claveret[1].


MADRIGAL DU MÊME.

Philiste en ses[2] amours a dû craindre un rival,
Puisque ta Veuve est la copie
De ce charmant original
À qui ta plume la dédie.
Ton bel art nous peint l’une adorable à la cour ;
La nature a fait l’autre un miracle d’amour.
Je sais bien que l’on nous figure
L’art moins parfait que la nature ;
Mais laissant ces raisons à part,
Je ne sais qui l’emporte, ou la nature ou l’art.
Ta Veuve toutefois par sa douceur extrême
Sait si bien celui de charmer,
Qu’à la voir on la peut nommer
Un original elle-même,

  1. Un des rivaux les plus acharnés de Corneille, après le succès du Cid. Voyez notre Notice sur cette tragédie.
  2. Il y a ces pour ses dans l’édition originale.