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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/541

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ACTE I, SCÈNE V.
PHILISTE.

Ce reproche obligeant me laisse tout surpris :
Avec tant de beautés, et tant de bons esprits,
Je ne valus jamais qu’on me trouvât à dire[1].

CLARICE.

310Avec ces bons esprits je n’étois qu’un martyre[2]
Leur discours m’assassine, et n’a qu’un certain jeu
Qui m’étourdit beaucoup, et qui me plaît fort peu.

PHILISTE.

Celui que nous tenions me plaisoit à merveilles.

CLARICE.

Tes yeux s’y plaisoient bien autant que tes oreilles.

PHILISTE.

315Je ne le puis nier, puisqu’en parlant de vous[3],
Sur les vôtres mes yeux se portoient à tous coups,
Et s’en alloient chercher sur un si beau visage[4]
Mille et mille raisons d’un éternel hommage.

CLARICE.

Ô la subtile ruse ! et l’excellent détour[5] !
320Sans doute une des deux te donne de l’amour ;
Mais tu le veux cacher.


    Avec tant de beautés, et tant d’esprits divers,
    [Je ne valus jamais qu’on me trouvât à dire.] (1634-57)

  1. Trouver à dire, trouver qu’il manque quelque chose ou quelqu’un. Voyez le Lexique.
  2. Var. Avec ces beaux esprits je n’étois qu’en martyre. (1634)
    L’édition de 1634 porte :
    Avec ces bons esprits je n’étois qu’en martyre ;
    mais il y a dans Les plus notables fautes survenues en l’impression :« Lisez beaux esprits. » Néanmoins Corneille n’a tenu compte de cette correction dans aucune des éditions suivantes. Dans les unes, de 1644 à 1657, on lit, comme l’on voit, bons esprits, une fois, au vers 310 ; dans les autres, de 1660 à 1682, deux fois, aux vers 308 et 310.
  3. Var. Je ne le peux nier, puisqu’en parlant de vous. (1634)
  4. Var. Et s’en alloient chercher sur ce visage d’ange
    Mille sujets nouveaux d’éternelle louange. (1634-57)
  5. Var. Ô la subtile ruse ! ô l’excellent détour ! (1634-68)