Scène II.
Dont je ne pense pas qu’autre que toi me blâme.
Être veuve à mon âge, et toujours déplorer[1]
La perte d’un mari que je puis réparer[2] !
Refuser d’un amant ce doux nom de maîtresse !
N’avoir que des mépris pour les vœux qu’il m’adresse !
Le voir toujours languir dessous ma dure loi !
Cette vertu, Nourrice, est trop haute pour moi.
Madame, mon avis au vôtre ne résiste
Qu’alors que votre ardeur se porte vers Philiste[3].
Aimez, aimez quelqu’un ; mais comme à l’autre fois,
Qu’un lieu digne de vous arrête votre choix.
Brise là ce discours dont mon amour s’irrite :
Philiste n’en voit point qui le passe en mérite.
Je ne remarque en lui rien que de fort commun,
Sinon que plus qu’un autre il se rend importun[4].
Que ton aveuglement en ce point est extrême !
Et que tu connois mal et Philiste et moi-même,
Si tu crois que l’excès de sa civilité
Passe jamais chez moi pour importunité !