Et celui d’être aimé, sans que tu le prétendes,
Préviendra tes désirs et tes justes demandes.
Ne déguisons plus rien, cher Philiste : il est temps[1]
Qu’un aveu mutuel rende nos vœux contents.
Donnons-leur, je te prie, une entière assurance ;
Vengeons-nous à loisir de notre indifférence.
Vengeons-nous à loisir de toutes ces langueurs
Où sa fausse couleur avoit réduit nos cœurs.
Vous me jouez, Madame, et cette accorte feinte
Ne donne à mon amour qu’une railleuse atteinte[2].
Quelle façon étrange ! En me voyant brûler.
Tu t’obstines encore à le dissimuler ;
Tu veux qu’encore un coup je me donne la honte[3]
De te dire à quel point l’amour pour toi me dompte :
Tu le vois cependant avec pleine clarté[4],
Et veux douter encor de cette vérité ?
Oui, j’en doute, et l’excès du bonheur qui m’accable[5]
Me surprend, me confond, me paroît incroyable.
Madame, est-il possible ? et me puis-je assurer
D’un bien à quoi mes vœux n’oseroient aspirer ?
- ↑ Var. Ne déguisons plus rien, mon Philiste, il est temps
Qu’un aveu mutuel rende nos feux contents. (1634-57) - ↑ Var. Ne donne à mes amours qu’une moqueuse atteinte (a), (1634-54)
Var. Ne donne à mes amours qu’une railleuse atteinte. (1660 et 63)
(a). Dans l’édition de 1657, il y a moqueuse feinte, au lieu de moqueuse atteinte ; mais c’est sans doute une faute d’impression. - ↑ Var, Tu veux qu’encore un coup je devienne effrontée,
Pour te dire à quel point mon ardeur est montée :
Tu la vois cependant en son extrémité,
Et tu doutes encor de cette vérité ? (1634-57) - ↑ Var. Tu le vois cependant en son extrémité. (1660)
- ↑ Var. Oui, j’en doute, et l’excès de ma béatitude