Scène VI.
Lui fait faire envers vous une incivilité[1] :
Vous la pardonnerez à cette ardeur trop forte
Qui sans vous dire adieu, vers son objet l’emporte.
C’est comme doit agir un véritable amour :
Un feu moindre eût souffert quelque plus long séjour ;
Et nous voyons assez par cette expérience
Que le sien est égal à son impatience.
Mais puisqu’ainsi le ciel rejoint ces deux amants,
Et que tout se dispose à vos contentements,
Pour m’avancer aux miens, oserois-je, Madame,
Offrir à tant d’appas un cœur qui n’est que flamme[2].
Un cœur sur qui ses yeux de tout temps absolus
Ont imprimé des traits qui ne s’effacent plus ?
J’ai cru par le passé qu’une ardeur mutuelle
Unissoit les esprits et d’Alcidon et d’elle,
Et qu’en ce cavalier son désir arrêté
Prendroit tous autres vœux pour importunité.
Cette seule raison m’obligeant à me taire,
Je trahissois mon feu de peur de lui déplaire ;
Mais aujourd’hui qu’un autre en sa place reçu[3]
- ↑ Var. Lui fait faire envers nous une incivilité :
Excusez, s’il vous plaît, sa passion trop forte. (1634-57) - ↑ Var. Offrira cette belle un cœur qui n’est que flamme. (1634-57)
- ↑ Var. Mais à présent qu’un autre en sa place reçu
[Me fait voir clairement combien j’étois déçu,]
Et que ce malheureux l’a si peu conservée,
Mon âme, que ses yeux ont toujours captivée,
Dans le malheur d’autrui vient chercher son bonheur.
chrys. Votre offre avantageux nous fait beaucoup d’honneur. (1634-57)