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ACTE V, SCÈNE X.
Fais, maigre mon erreur, que ton feu persévère ;
Né punis point la sœur de la faute du frère ;
Et reçois de ma main celle que ton desir,
Avant mon imprudence, avoit daigné choisir[1].
CLARICE, à Célidan.
Une pareille erreur me rend toute confuse ;
Mais ici mon amour me servira d’excuse :
Il serre nos esprits d’un trop étroit lien
Pour permettre à mon sens de s’éloigner du sien.
CÉLIDAN.
Un mot me satisfait de cette belle bouche ;
Mais, hélas ! quel espoir ose rien présumer[2],
Quand on n’a pu servir, et qu’on n’a fait qu’aimer ?
DORIS.
Réunir les esprits d’une mère et d’un frère,
Du choix qu’ils m’avoient fait avoir su me défaire,
M’arracher à Florange et m’ôter Alcidon,
Et d’un cœur généreux me faire l’heureux don,
- ↑ Var. Paravant cette offense, avoit voulu choisir. (1634-57)
- ↑ Var. Mais hélas ! mon souci, je n’ose avoir pensé
Que sans avoir servi je sois récompensé.
doris, à Célidan. Ici votre mérite est joint à leur puissance,
Et la raison s’accorde à mon obéissance.
En secondant vos feux, je fais par jugement
Ce qu’ailleurs je ferois par leur commandement.
cél. À ces mots enchanteurs mon martyre s’apaise,
Et je ne conçois rien de pareil à mon aise (a),
Pourvu que ce propos soit suivi d’un baiser.
chrysante, à Doris. Ma fille, ton devoir ne le peut refuser.
philiste, à Clarice. Leur exemple, mon cœur, t’oblige à la pareille.
clarice, à Philiste. Mais je n’ai point de mère ici qui me conseille.
Tu prends toujours d’avance. chrys. Oh ! que sur mes vieux ans (b)
Le pitoyable ciel me fait de doux présents ! (1634-57)
(a). Et je n’en conçois rien de pareil à mon aise. (1654 et 57)
(b). Ces cinq vers depuis : « Pourvu que… » ne sont que dans l’édition de 1634. Après mon aise, celles de 1644-57 portent :
[Que la mienne est extrême, et que sur mes vieux ans]
Le pitoyable ciel me fait de doux présents !