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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/105

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recueil intitulé Elogia Iulii Mazarini Cardinalis… Parisiis, excudebat Antonius Vitré, Régis et Cleri gallicani typographus, M.DC.LXVI, in-fol., recueil composé de trois séries, la première latine, la seconde italienne et la dernière française, on trouve aux pages 51-53 de la première de ces séries la pièce de vers latins imitée de Corneille, avec cette signature : Abrahamus Remius, Poeta Regius. Le véritable nom de ce poëte latin, alors célèbre, était Abraham Ravaud ; né le 6 mars 1600 dans le village de Remy en Beauvaisis, il en avait pris le nom ; il mourut à Paris 1er décembre 1646. Le Remercîment de Corneille a été inséré aux pages 5-7 de la troisième série des Elogia et dans le Recueil de poésies chrestiennes et diverses, dédié à Monseigneur le prince de Conty, par M. de la Fontaine, à Paris, chez Pierre le Petit, 1671, 3 vol. in-12 (tome III, p. 87-89). Ces éditions contiennent des changements qu’on trouvera indiqués en note. Voltaire a fait des remarques sur ce Remercîment, si l’on peut appeler remarques une continuelle déclamation contre Corneille au sujet des louanges qu’il adresse à Mazarin.

Au Lecteur. Ayant dédié ce poème à Mr le cardinal Mazarin, j’ai cru à propos de joindre à l’épître le remercîment que je présentai il y a trois mois à Son Éminence, pour une libéralité dont elle me surprit. Cette pièce, quoique faite à la hâte, a eu le bonheur de plaire assez à un homme savant pour ne dédaigner pas de perdre une heure à donner une meilleure forme à mes pensées, et les faire passer dans cette langue illustre qui sert de truchement à tous les savants de l’Europe. Je te donne ici l’un et l’autre, afin que tu voies et ma gloire et ma honte. Il m’est extrêmement glorieux qu’un esprit de cette trempe ait assez considéré mon ouvrage pour le vouloir traduire ; mais il m’est presque aussi honteux de voir ses expressions tellement au-dessus des miennes, qu’il semble que ce soit un maître qui ait voulu mettre en lustre[1] les petits efforts de son écolier. C’est une

  1. En lumière, dans les Œuvres diverses (p. 152) et dans les éditions postérieures.