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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/25

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gnements fournis par M. Gaillard, qui sont le point de départ de l’attribution du Presbytère d’Hénouville à Corneille, sont loin d’être à l’abri de toute critique et exacts de tout point. Le Presbytère d’Hénouville est demeuré fort longtemps sans attirer d’une façon sérieuse l’attention des amis de Corneille. M. Taschereau, qui connaissait bien le mémoire de M. Gaillard, qui s’est trouvé en dissentiment avec lui au sujet de la qualification de gentilhomme ordinaire du Roi, donnée à Corneille, qui même a relevé en plaisantant la phrase assez singulière par laquelle commence le mémoire de M. Gaillard[1], n’a pas dans son édition de 1855 dit un seul mot du Presbytère d’Hénouville, soit pour l’admettre, soit pour l’écarter comme un ouvrage attribué faussement au poëte dont il a écrit la vie avec une sollicitude si constante et si éclairée. Plus hardi, Lefèvre admet sans hésiter, dans l’édition de 1854 des Œuvres de Corneille, le Presbytère d’Hénouville. Nous devons ajouter que dans un précédent travail nous avons accepté cette attribution de confiance[2], et qu’elle a été adoptée plus tard par des juges fort compétents, MM. Brunet[3] et Fournier[4]. Toutefois, en examinant aujourd’hui les choses de plus près, nous nous sentons disposé à être beaucoup moins affirmatif. Cette pièce n’est pas signée, même d’une simple initiale ; le libraire Boullenger, chez qui elle a paru, n’a jamais, à notre connaissance, rien publié de Corneille ; enfin un indice, insuffisant à coup sûr pour décider la question, mais qui ne doit peut-être pas non plus être entièrement négligé, nous porterait à croire que le Presbytère d’Hénouville, composé par quelque poëte normand, ami commun de Legendre et de Corneille, est adressé à ce dernier. Dans Mélite, et probablement aussi dans un dialogue qu’on trouvera ci-après, p. 50, Tircis est le nom poétique que Corneille s’est choisi lui-même : or le Presbytère d’Hénouville est adressé « à Tircis. » Nous n’avons pas voulu,

  1. Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, 2e édition, p. 277.
  2. De la langue de Corneille, 1861, in-8o, p. 45.
  3. Manuel du libraire, dernière édition, tome II, p. 286.
  4. Notice sur la vie de Corneille, en tête de Corneille à la butte Saint-Roch, p. lxxi et lxxii.