Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/279

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Varus[1] le suit tout pâle, et semble dans ces plaines
Chercher le reste affreux des légions romaines ; 230
Son vengeur après lui, le grand Germanicus[2],
Vient voir comme on vaincra ceux qu’il n’a pas vaincus ;
Le fameux Jean d’Autriche[3], et le cruel Tolède[4],
Sous qui des maux si grands crûrent par leur remède ;
L’invincible Farnèse[5], et les vaillants Nassaus[6], 235
Fiers d’avoir tant livré, tant soutenu d’assauts,
Reprennent tous leur part au jour qui nous éclaire,
Pour voir faire à mon roi ce qu’eux tous n’ont pu faire,
Eux-mêmes s’en convaincre, et d’un regard jaloux
Admirer un héros qui les efface tous. 240

    Varus, et ultrici fervens Germanicus ira.
    Tu quoque sanguineas quatiens, Albane, secures,
    Tu Farnesi, atque Austriadum tu gloria, Jane,
    Nassaviique : omnes, dum sors et vita sinebat,
    His olim insignes terrarum in finibus, omnes
    Nunc unum in juvenem defixi obtutibus hærent,
    Miranturque suas coram decrescere laudes[7].

  1. P. Quintilius Varus, gouverneur de la Germanie, partie frontière de la Gaule belgique, fut attiré dans une embuscade par Arminius, chef des Chérusques, dans la forêt de Teutoburg, et y périt avec trois légions l’an 9 avant J. C.
  2. Tiberius Drusus Nero Germanicus (fils de Drusus Nero), né l’an 16 avant J. C., vainquit Arminius en l’an 16 de l’ère chrétienne, et reprit les aigles de Varus. Une autre campagne eût été nécessaire pour achever la guerre et la défaite des Germains ; mais l’empereur Tibère envia cette gloire à son neveu.
  3. Don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles-Quint, né en 1545, mort en 1578, gouverneur, en 1576, des Pays-Bas révoltés.
  4. Ferdinand Alvarez de Tolède, duc d’Albe, né en 1508, mort en 1582, lieutenant de Philippe II dans les Pays-Bas, de 1566 à 1573, tristement célèbre par l’établissement du conseil de sang.
  5. Alexandre, troisième duc de Farnèse, fut appelé dans les Pays-Bas par Philippe II, en 1577, et y succéda à don Juan d’Autriche.
  6. Voyez ci-dessus, p. 262, note 1.
  7. Ce vers manque dans l’édition du P. de la Rue de 1688.