Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/51

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Et ma bourse, encor plus malade,
Se voit bien proche de sa fin.

Ainsi mes affaires gâtées,
Voyant mes terres décrétées, 20
Gages, profits, droits arrêtés.
Et ma finance au bas réduite,
Je mène ici sous ma conduite
La troupe des Enfants gâtés.

Le gentilhomme.

Il faut qu’en dépit de mon sang 25
Je lui cède le premier rang.
En vain ma noblesse me flatte :
En ces lieux par où nous allons,
On respecte mal l’écarlate
Qui ne va point jusqu’aux talons[1] ; 30
Et celle qui souvent accompagne nos bottes,
Tombant dans le mépris,
Près de celle qu’on traîne aux crottes[2],
Perd son lustre et son prix.

Trop d’or sur mes habits en a vidé ma bourse ; 35
La meute de mes chiens
N’a chassé que mes biens,
Qui dessus mes chevaux se sauvoient à la course ;
Et mes oiseaux, au bout d’un an ou deux,
M’ont fait léger comme eux. 40
Voilà, sans rechercher tant de contes frivoles,
Tout ce qui m’a gâté déduit en trois paroles ;

  1. Comme les robes des cardinaux, des présidents, des conseillers.
  2. C’est-à-dire en comparaison de celles dont sont faites les robes dont il vient d’être parlé, qui traînent jusqu’à terre.