Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/197

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N’est que d’en avoir eu la preuve trop certaine.
Dans sa rébellion à mon autorité,
L’amour qu’elle a pour lui n’a que trop éclaté.
Si pour ce cavalier elle avait moins de flamme,
Elle agréerait le choix que je fais de Florame,
Et prenant désormais un mouvement plus sain,
Ne s’obstinerait pas à rompre mon dessein.

Amarante.

C’est ce choix inégal qui vous la fait rebelle ;
Mais pour tout autre amant n’appréhendez rien d’elle.

Géraste.

Florame a peu de bien, mais pour quelque raison
C’est lui seul dont je fais l’appui de ma maison.
Examiner mon choix, c’est un trait d’imprudence.
Toi qu’à présent Daphnis traite de confidence,
Et dont le seul avis gouverne ses secrets,
Je te prie, Amarante, adoucis ses regrets,
Résous-la, si tu peux, à contenter un père ;
Fais qu’elle aime Florame, ou craigne ma colère.

Amarante.

Puisque vous le voulez, j’y ferai mon pouvoir ;
C’est chose toutefois dont j’ai si peu d’espoir,
Que je craindrais plutôt de l’aigrir davantage.

Géraste.

Il est tant de moyens de fléchir un courage !
Trouve pour la gagner quelque subtil appas ;
La récompense après ne te manquera pas.