Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/202

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Et de feindre une ardeur qui blesse mes amis,
Ma flamme est véritable, et son effet permis :
J’adore une beauté qui peut disposer d’elle,
Et seconder mes feux sans me rendre infidèle.

Théante.

Tu veux dire Daphnis ?

Florame.

Tu veux dire Daphnis ? Je ne puis te celer
Qu’elle est l’unique objet pour qui je veux brûler.

Théante.

Le bruit vole déjà qu’elle est pour toi sans glace,
Et déjà d’un cartel Clarimond te menace.

Florame.

Qu’il vienne, ce rival, apprendre, à son malheur,
Que s’il me passe en biens, il me cède en valeur,
Que sa vaine arrogance, en ce duel trompée,
Me fasse mériter Daphnis à coups d’épée :
Par là je gagne tout ; ma générosité
Suppléera ce qui fait notre inégalité ;
Et son père, amoureux du bruit de ma vaillance,
La fera sur ses biens emporter la balance.

Théante.

Tu n’en peux espérer un moindre événement :
L’heur suit dans les duels le plus heureux amant ;
Le glorieux succès d’une action si belle,
Ton sang mis au hasard, ou répandu pour elle,
Ne peut laisser au père aucun lieu de refus.
Tiens ta maîtresse acquise, et ton rival confus ;