Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/203

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Et sans t’épouvanter d’une vaine fortune
Qu’il soutient lâchement d’une valeur commune,
Ne fais de son orgueil qu’un sujet de mépris,
Et pense que Daphnis ne s’acquiert qu’à ce prix.
Adieu : puisse le ciel à ton amour parfaite
Accorder un succès tel que je le souhaite !

Florame.

Ce cartel, ce me semble, est trop long à venir :
Mon courage bouillant ne se peut contenir ;
Enflé par tes discours, il ne saurait attendre
Qu’un insolent défi l’oblige à se défendre.
Va donc, et de ma part appelle Clarimond ;
Dis-lui que pour demain il choisisse un second,
Et que nous l’attendrons au château de Bicêtre.

Théante.

J’adore ce grand cœur qu’ici tu fais paraître,
Et demeure ravi du trop d’affection
Que tu m’as témoigné par cette élection.
Prends-y garde pourtant ; pense à quoi tu t’engages.
Si Clarimond, lassé de souffrir tant d’outrages,
Eteignant son amour, te cédait ce bonheur,
Quel besoin serait-il de le piquer d’honneur ?
Peut-être qu’un faux bruit nous apprend sa menace :
C’est à toi seulement de défendre ta place.
Ces coups du désespoir des amants méprisés
N’ont rien d’avantageux pour les favorisés.
Qu’il recoure, s’il veut, à ces fâcheux remèdes ;