Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/204

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Ne lui querelle point un bien que tu possèdes :
Ton amour, que Daphnis ne saurait dédaigner,
Court risque d’y tout perdre, et n’y peut rien gagner.
Avise encore un coup ; ta valeur inquiète
En d’extrêmes périls un peu trop tôt te jette.

Florame.

Quels périls ? L’heur y suit le plus heureux amant.

Théante.

Quelquefois le hasard en dispose autrement.

Florame.

Clarimond n’eut jamais qu’une valeur commune.

Théante.

La valeur aux duels fait moins que la fortune.

Florame.

C’est par là seulement qu’on mérite Daphnis.

Théante.

Mais plutôt de ses yeux par là tu te bannis.

Florame.

Cette belle action pourra gagner son père.

Théante.

Je le souhaite ainsi plus que je ne l’espère.

Florame.

Acceptant un cartel, suis-je plus assuré ?

Théante.

Où l’honneur souffrirait rien n’est considéré.

Florame.

Je ne puis résister à des raisons si fortes :
Sur ma bouillante ardeur malgré moi tu l’emportes.
J’attendrai qu’on m’attaque.