Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/216

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À quel heureux amant Géraste a destiné
Ce beau prix que l’amour m’avait si bien donné.

Amarante.

Ce dût vous être assez de m’avoir abusée,
Sans faire encor de moi vos sujets de risée.
Je sais que le vieillard favorise vos feux,
Et que rien que Daphnis n’est contraire à vos vœux.

Florame.

Que me dis-tu ? Lui seul, et sa rigueur nouvelle
Empêchent les effets d’une ardeur mutuelle ?

Amarante.

Pensez-vous me duper avec ce feint courroux ?
Lui-même il m’a prié de lui parler pour vous.

Florame.

Vois-tu, ne t’en ris plus ; ta seule jalousie
A mis à ce vieillard ce change en fantaisie.
Ce n’est pas avec moi que tu te dois jouer,
Et ton crime redouble à le désavouer ;
Mais sache qu’aujourd’hui, si tu ne fais en sorte
Que mon fidèle amour sur ce rival l’emporte,
J’aurai trop de moyens à te faire sentir
Qu’on ne m’offense point sans un prompt repentir.