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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/217

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Scène IV


Amarante.

Voilà de quoi tomber en un nouveau dédale.
Ô ciel ! qui vit jamais confusion égale ?
Si j’écoute Daphnis, j’apprends qu’un feu puissant
La brûle pour Florame, et qu’un père y consent ;
Si j’écoute Géraste, il lui donne Florame,
Et se plaint que Daphnis en rejette la flamme ;
Et si Florame est cru, ce vieillard aujourd’hui
Dispose de Daphnis pour un autre que lui.
Sous un tel embarras je me trouve accablée ;
Eux ou moi, nous avons la cervelle troublée,
Si ce n’est qu’à dessein ils se soient concertés
Pour me faire enrager par ces diversités.
Mon faible esprit s’y perd et n’y peut rien comprendre ;
Pour en venir à bout, il me les faut surprendre,
Et quand ils se verront, écouter leurs discours,
Pour apprendre par là le fond de ces détours.
Voici mon vieux rêveur ; fuyons de sa présence,
Qu’il ne m’embrouille encor de quelque confidence :
De crainte que j’en ai, d’ici je me bannis,
Tant qu’avec lui je voie ou Florame, ou Daphnis.