[1].
C’est un mal bien léger qu’un feu qu’on peut éteindreJe sais qu’il le devroit, mais avec tant d’appas[2],
Le moyen qu’il te voie et ne t’adore pas ?
Ses yeux ne souffrent point que son cœur soit de glace ;
On ne pourroit aussi m’y résoudre, en sa place[3] ;
Et tes regards, sur moi plus forts que tes mépris,
Te sauroient conserver ce que tu m’aurois pris.
S’il veut garder encor cette humeur obstinée[4],
Je puis bien m’empêcher d’en être importunée,
Feindre un peu de migraine, ou me faire celer :
C’est un moyen bien court de ne lui plus parler ;
Mais ce qui m’en déplaît et qui me désespère[5],
C’est de perdre la sœur pour éviter le frère,
Et me violenter à fuir ton entretien[6],
Puisque te voir encor c’est m’exposer au sien.
Du moins, s’il faut quitter cette douce pratique[7],
Ne mets point en oubli l’amitié d’Angélique,
Et crois que ses effets auront leur premier cours[8]
Aussitôt que ton frère aura d’autres amours.
Tu vis d’un air étrange et presque insupportable.
[9] ;
Que toi-même pourtant dois trouver équitable- ↑ Var. Le mal est bien léger d’un feu qu’on peut éteindre. (1637)
- ↑ Var. Il le devroit du moins, mais avec tant d’appas. (1637-57)
- ↑ Var. Aussi ne pourroit-on m’y résoudre en sa place. (1637-57)
- ↑ Var. S’il vit dans une humeur tellement obstinée. (1637-57)
- ↑ Var. Mais ce qui me déplaît et qui me désespère. (1637-60)
- ↑ Var. Rompre notre commerce et fuir ton entretien. (1637-57)
- ↑ Var. Que s’il me faut quitter cette douce pratique. (1637-57)
- ↑ Var. Sûre que ses effets auront leur premier cours
Aussitôt que ton frère éteindra ses amours. (1637-57) - ↑ Var. Que toi-même pourtant trouverois équitable. (1637-57)