Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/245

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125Après mille mépris qu’a reçus ta folie[1],
Tu n’es que trop chargé de ta mélancolie ;
Si j’y joignois la mienne, elle t’accableroit,
Et de mon déplaisir le tien redoubleroit ;
Contraindre mon humeur me serait un supplice
130Qui me rendroit moins propre à te faire service.
Vois-tu ? par tous moyens je te veux soulager ;
Mais j’ai bien plus d’esprit que de m’en affliger.
Il n’est point de douleur si forte en un courage
Qui ne perde sa force auprès de mon visage ;
135C’est toujours de tes maux autant de rabattu :
Confesse, ont-ils encor le pouvoir qu’ils ont eu ?
Ne sens-tu point déjà ton âme un peu plus gaie ?

DORASTE.

Tu me forces à rire en dépit que j’en aie ;
Je souffre tout de toi, mais à condition
140D’employer tous tes soins à mon affection[2].
Dis-moi par quelle ruse il faut…

PHYLIS.

Dis-moi par quelle ruse il faut…Rentrons, mon frère :
Un de mes amants vient, qui pourroit nous distraire[3].

  1. Var. Après mille mépris reçus de ta maîtresse,
    Tu n’es que trop chargé de ta seule tristesse. (1637)
  2. Var. [D’employer tous tes soins à mon affection.]
    PHYL. Non pas tous : j’en retiens pour moi quelque partie
    DOR. Il étoit grand besoin de cette repartie ;
    Ne ris plus, et regarde après tant de discours
    Par où tu me pourras donner quelque secours ;
    [Dis-moi par quelle ruse il faut…] (1637)
  3. Var. Un de mes amants vient, qui nous pourroit distraire. (1637-57)