Et de ne pouvoir rompre un si fâcheux marché.
Cependant Angélique, à force de me plaire,
Me flatte doucement de l’espoir du contraire ;
Et si d’autre façon je ne me sais garder,
Je sens que ses attraits m’en vont persuader[1].
Mais puisque son amour me donne tant de peine,
Je la veux offenser pour acquérir sa haine,
Et mériter enfin un doux commandement[2]
Qui prononce l’arrêt de mon bannissement.
Ce remède est cruel, mais pourtant nécessaire :
Puisqu’elle me plaît trop, il me faut lui déplaire[3].
Tant que j’aurai chez elle encor le moindre accès,
Mes desseins de guérir n’auront point de succès.
Étrange humeur d’amant !
Je me procure un mal pour en éviter mille.
Tu ne prévois donc pas ce qui t’attend de maux,
Quand un rival aura le fruit de tes travaux ?
Pour se venger de toi, cette belle offensée
Sous les lois d’un mari sera bientôt passée[4] ;
Et lors, que de soupirs et de pleurs répandus
Ne te rendront aucun de tant de biens perdus !
Dis mieux, que pour rentrer dans mon indifférence[5],
- ↑ Var. Ses appas sont bientôt pour me persuader. (1637-57)
- ↑ Var. Et pratiquer enfin un doux commandement. (1637)
Var. Pour en tirer par force un doux commandement. (1644-57) - ↑ Var. Puisqu’elle me plaît trop, il me lui faut déplaire.
Tant que j’aurai chez elle encore quelque accès. (1637-55) - ↑ Var. Sous le joug d’un mari sera bientôt passée ;
Et lors, que de soupirs et de pleurs épandus. (1637-57) - ↑ Var. Mais dis que pour rentrer dans mon indifférence. (1637-57)