Quoi donc ! c’est tout de bon que tu me veux quitter ?
Tu ne dis mot, rêveur, et pour toute réplique
Tu tournes tes regards du côté d’Angélique :
Est-elle donc l’objet de tes légèretés[1] ?
Veux-tu faire d’un coup deux infidélités,
Et que dans mon offense Alidor s’intéresse ?
Cléandre, c’est assez de trahir ta maîtresse ;
Dans ta nouvelle flamme épargne tes amis,
Et ne l’adresse point en lieu qui soit promis.
De la part d’Alidor je vais voir cette belle :
Laisse-m’en avec lui démêler la querelle,
Et ne t’informe point de mes intentions.
Et que pour te garder j’ai trop peu de mérite,
Du moins, avant l’adieu, demeurons quitte à quitte ;
Que ce que j’ai du tien je te le rende ici :
Tu m’as offert des vœux, que je t’en offre aussi[2] ;
Et faisons entre nous toutes choses égales.
Et moi, durant ce temps, je garderai les balles[3] ?
Je te donne congé d’une heure, si tu veux.
Je l’accepte, au hasard de le prendre pour deux.
Pour deux, pour quatre, soit ; ne crains pas qu’il m’ennuie.