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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/266

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PHYLIS.

Quoi donc ! c’est tout de bon que tu me veux quitter ?
Tu ne dis mot, rêveur, et pour toute réplique
550Tu tournes tes regards du côté d’Angélique :
Est-elle donc l’objet de tes légèretés[1] ?
Veux-tu faire d’un coup deux infidélités,
Et que dans mon offense Alidor s’intéresse ?
Cléandre, c’est assez de trahir ta maîtresse ;
555Dans ta nouvelle flamme épargne tes amis,
Et ne l’adresse point en lieu qui soit promis.

CLÉANDRE.

De la part d’Alidor je vais voir cette belle :
Laisse-m’en avec lui démêler la querelle,
Et ne t’informe point de mes intentions.

PHYLIS.

560Puisqu’il me faut résoudre en mes afflictions,
Et que pour te garder j’ai trop peu de mérite,
Du moins, avant l’adieu, demeurons quitte à quitte ;
Que ce que j’ai du tien je te le rende ici :
Tu m’as offert des vœux, que je t’en offre aussi[2] ;
565Et faisons entre nous toutes choses égales.

LYSIS.

Et moi, durant ce temps, je garderai les balles[3] ?

PHYLIS.

Je te donne congé d’une heure, si tu veux.

LYSIS.

Je l’accepte, au hasard de le prendre pour deux.

PHYLIS.

Pour deux, pour quatre, soit ; ne crains pas qu’il m’ennuie.

  1. Var. Est-ce là donc l’objet de tes légèretés ? (1637-57)
  2. Var. Tu m’as offert des vœux, que je t’en rende aussi. (1637)
  3. Locution proverbiale tirée du jeu de paume.