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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/267

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Scène VIII.

CLÉANDRE, PHYLIS.
PHYLIS arrête Cléandre qui tâche de s’échapper pour entrer chez Angélique[1].

570Mais je ne consens pas cependant qu’on me fuie ;
Tu perds temps d’y tâcher, si tu n’as mon congé[2].
Inhumain ! est-ce ainsi que je t’ai négligé ?
Quand tu m’offrois des vœux, prenois-je ainsi la fuite,
Et rends-tu la pareille à ma juste poursuite ?
575Avec tant de douceur tu te vis écouter,
Et tu tournes le dos quand je t’en veux conter !

CLÉANDRE.

Va te jouer d’un autre avec tes railleries ;
J’ai l’oreille mal faite à ces galanteries[3] :
Ou cesse de m’aimer, ou n’aime plus que moi.

PHYLIS.

580Je ne t’impose pas une si dure loi ;
Avec moi, si tu veux, aime toute la terre,
Sans craindre que jamais je t’en fasse la guerre.
Je reconnois assez mes imperfections ;
Et quelque part que j’aie en tes affections,
585C’est encor trop pour moi ; seulement ne rejette
La parfaite amitié d’une fille imparfaite.

CLÉANDRE.

Qui te rend obstinée à me persécuter ?

  1. Var. PHYLIS, arrêtant Cléandre, etc. (1644-60) — On lit en marge, dans l’édition de 1637, où il n’y a point ici de distinction de scène : Lysis rentre et Cléandre tâche de s’échapper et d’entrer chez Angélique.
  2. Var. On ne sort d’avec moi qu’avecque mon congé. (1637-57)
  3. Var. Je ne puis plus souffrir de ces badineries :
    Ne m’aime point du tout, ou n’aime rien que moi. (1637-57)