Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/268

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PHYLIS.

Qui te rend si cruel que de me rebuter[1] ?

CLÉANDRE.

Il faut que de tes mains un adieu me délivre.

PHYLIS.

590Si tu sais t’en aller, je saurai bien te suivre ;
Et quelque occasion qui t’amène en ces lieux,
Tu ne lui diras pas grand secret à mes yeux.
Je suis plus incommode encor qu’il ne te semble.
Parlons plutôt d’accord, et composons ensemble.
595Hier un peintre excellent m’apporta mon portrait :
Tandis qu’il t’en demeure encore quelque trait,
Qu’encor tu me connois, et que de ta pensée
Mon image n’est pas tout à fait effacée,
Ne m’en refuse point ton petit jugement.

CLÉANDRE.

Je le tiens pour bien fait.

PHYLIS.

600Je le tiens pour bien fait.Plains-tu tant un moment ?
Et m’attachant à toi, si je te désespère,
À ce prix trouves-tu ta liberté trop chère ?

CLÉANDRE.

Allons, puisque autrement je ne te puis quitter,
À tel prix que ce soit il me faut racheter[2].


FIN DU SECOND ACTE.
  1. Var. Qui te rend si cruel que de me rejeter ? (1637-57)
  2. Var. À quel prix que ce soit il me faut racheter. (1660)