Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/276

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Scène V.

ANGÉLIQUE, dans son cabinet.

Quel malheur partout m’accompagne !
Qu’un indiscret hymen me venge à mes dépens !
Que de pleurs en vain je répands,
Moins pour ce que je perds que pour ce que je gagne !
725L’un m’est plus doux que l’autre, et j’ai moins de tourment
Du crime d’Alidor que de son châtiment[1].

Ce traître alluma donc ma flamme !
Je puis donc consentir à ces tristes accords !
Hélas ! par quelques vains efforts[2]
730Que je me fasse jour jusqu’au fond de mon âme,
J’y trouve seulement, afin de me punir,
Le dépit du passé, l’horreur de l’avenir.



Scène VI.

ANGÉLIQUE, ALIDOR.
ANGÉLIQUE[3].

viens-tu, déloyal ? avec quelle impudence
Oses-tu redoubler mes maux par ta présence ?
735Qui te donne le front de surprendre mes pleurs[4] ?

  1. Var. Du forfait d’Alidor que de son châtiment. (1637-57)
  2. Var.  Et par quelques puissants efforts
    Que de tous sens je tourne et retourne mon âme. (1637-57)
    Var. Hélas ! par quelques pleins efforts. (1660-68)
  3. Var. ANGÉLIQUE, voyant Alidor entrer en son cabinet. (1637)
  4. Var. Ton plaisir dépend-il d’avoir vu mes douleurs ?
    Qui te fait si hardi de surprendre mes pleurs ?
    Est-il dit que tes yeux te mettront hors de doute,
    Et t’apprendront combien ta trahison me coûte ?